Kassaman binnazilat ilmahiqat..." le plus noir des crimes est celui qui consiste à obscurcir la conscience politique et d’égarer tout un peuple" d'Emile ZOLA

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Le nom de ce blog est sans doute évocateur de notre "nachid el watani" tant décrié par le passé parce que, associé au pouvoir Algérien illégitime. Après des décennies de disettes. Je voudrais faire de cet espace, un coin où tous mes compatriotes et autres amoureux de libertés, de démocratie, ou tout simplement d'histoire pourraient s'exprimer librement. En ce sens, nous vous souhaitons la bienvenue. En hommage à Nacer Hachiche, repose en paix et à bientôt ! Pour garder le contact avec notre chère patrie : http://www.alger-presse.com/index.php/presse-fr


La malédiction du demi chauve par Laurent Sagalovitsch

Publié par The Algerian Speaker sur 21 Décembre 2014, 19:31pm

Catégories : #TGUEMBIR (Rires)

La malédiction du demi chauve par Laurent Sagalovitsch

A l’heure et l’âge où j’écris ces quelques lignes, je devrais être chauve comme un galet breton. Mes prédispositions génétiques ne me laissaient guère d’espoir : mon père avait perdu ses cheveux aux alentours de ses vingt ans et mon frère avait pris le soin de l’imiter au détour de sa trentaine. J’étais sans illusion : tôt ou tard, je rejoindrais la grande confrérie des chauves et m’en irait sur le chemin de la vie avec un de ces fronts parfaitement lisses qui déclenchent auprès de la gente féminine des fourmillements émoustillés à l’idée d’apprivoiser un être dont le parfait dénuement au niveau du crâne laisse entrevoir des sommets d’intelligence et de perversité. Je ne connus pas cette chance. Pour une raison incongrue, tandis que le haut de mon crâne répondait à l’atavisme paternel en se dégarnissant à vue d’œil, sur chaque versant de ma tête, des touffes de cheveux éparses et brouillonnes continuaient à lutter pour leur survie.

Et, opiniâtres et rebelles, défiant les lois de la physique et de la génétique, ne voulant en rien céder aux injonctions de la nature, elles finirent par triompher du sort funeste qui leur était pourtant promis. C’est ainsi que je devins officiellement un demi-chauve. Un de ces êtres difformes, hybrides, indécis, dont on a du mal à décrire la réelle composition d’un visage décoré de cette disgracieuse auréole toute monastique cerclée de filaments de cheveux vivant chacun de leur coté leur misérable existence de parias. Ni chauve, ni chevelu, je ne ressemble à rien. Croisement improbable d’un moine trappiste et d’un rabbin dégarni, je dois supporter chaque matin recommencé l’atroce désagrément de contempler dans la glace ma disgrâce capillaire restée inachevée. Une fois tous les deux ou trois mois, je dois subir l’affront de me traîner chez le coiffeur, de subir son regard tout à la fois amusé et cupide, d’être l’objet des moqueries des autres clients, de prendre place dans un fauteuil où, sans jamais me demander la nature de mes attentes, un apprenti me règle mon compte en moins de temps qu’il me faut pour lire mon horoscope. Si au moins ces cheveux poussant solitaires dans leur coin étaient assez longs pour permettre une salutaire jonction au sommet de mon crâne, lui conférant dès lors une certaine forme de respectabilité, mais non, sans élan, sans vigueur et sans ressort, ils mènent des vies rabougries, impuissants à entamer un quelconque dialogue entre eux.

Les femmes me fuient, les enfants se réfugient dans les jupes de leurs mères, les mères détournent leur regard, les pigeons changent de trottoir et même les aveugles, alertés par leur sixième sens, préfèrent traverser en solitaire une avenue à risque plutôt que de solliciter mon aide. Le chauve séduit, envoûte, ensorcelle, le demi-chauve rebute, écœure, dégoûte. Certes, je pourrais dans un geste radical me séparer à jamais de cette toison ridicule mais je n’ose pas : ce serait aller me semble-t-il contre l’ordre des choses, déranger le cours de la nature, intervenir dans l’histoire de ma destinée et risquer des représailles foudroyantes. Non, je suis bien le demi-chauve, le ténébreux, l’inconsolé, le Prince d’Aquitaine au Crâne aboli que décrivait le poète. Il me reste un dernier espoir : que Juppé rentre triomphant à l’Elysée. C’est dire mon désespoir.

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